Quand on souffre, accueillir sa souffrance et s’accueillir soi-même, en tant que personne qui souffre, avec humanité, ouverture, bienveillance et compassion apparait souvent inconcevable.

Cette difficulté quasi universelle représente un des principaux obstacles sur la voie de la réconciliation intérieure et du changement profond et durable. Selon Kristin Neff, la compassion pour soi comprendrait trois facteurs, présence attentive, humanité commune et intention d’alléger la souffrance.

Selon les fondateurs de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), l’acceptation serait un « terme intermédiaire » qui ne repose pas sur des processus de base.

Du fait que ces concepts et leurs facteurs ne reposent pas sur des processus comportementaux fondamentaux que l’on peut influencer directement, la compassion pour soi l’acceptation sont difficiles à entrainer avec précision et efficacité en pratique clinique. Les avancées de la théorie des cadres relationnels (TCR) ont mis au jour une unité d’analyse basée sur les processus comportementaux, le ROE au réseau du soi.

L’identifier et le cibler permet d’entrainer plus directement une profonde bienveillance pour sa souffrance psychologique et une acceptation radicale de ses expériences aversives, ainsi que de soigner les blessures du passé et leurs échos dans le présent. La dureté envers soi, le dénigrement de soi, la lutte contre son expérience intérieure sont, de la perspective de la TCR actualisée, une fonction de la difficulté à changer de perspective sur soi, sa souffrance, ses expériences et, centralement, le sens de soi.

Le travail d’intervention ciblant le réseau du soi offre aux intervenant·e·s un éclairage unique pour potentialiser tant l’entrainement de la compassion pour soi et de l’acceptation que pour identifier et dépasser les principaux obstacles à une réconciliation profonde avec son moi authentique.

Les intervenant·e·s ont besoin d’une compréhension claire des processus impliqués dans la compassion pour soi et l’acceptation afin de guider avec plus grande précision et efficacité leurs interventions cliniques.

L’identification de ces processus répond au besoin de simplification des conceptualisations des présentations cliniques variées qu’ils rencontrent au quotidien. Plus encore, une telle compréhension permettra de répondre au besoin de développer des interventions individualisées pour chaque client·e au regard des spécificités de sa situation et de son histoire personnelle.

Enfin, les intervenants ont besoin de pratiquer des techniques mettant en action des stratégies cliniques dérivées de cette compréhension des processus comportementaux fondamentaux afin de guider leurs client·e·s sur la voie d’une réconciliation profonde avec leur moi authentique.